En 2017, j'ai rédigé une série d'articles concernant l'édition et le métier d'éditeur qui sont toujours d'actualité. Si, aujourd'hui, je ne pratique plus mon métier au quotidien, j'y reste très attachée. Je vous fais donc part de mes réflexions sur le sujet dans cette « réédition ».
Lorsqu’on me demande quel est mon métier et que je réponds « éditrice », je rencontre différents types de réactions. Il y a la personne émerveillée pour laquelle l’éditeur diffuse une sorte d’aura mystérieuse, être d’une autre dimension capable de dialoguer dans la même langue que Houellebecq, Nothomb ou Maalouf ou vieux sage au visage parcheminé, reclus emmuré d’improbables tours de livres poussiéreuses. Il y a celle qui cherche à comprendre : « Tu fabriques des livres ? – Non. – Tu écris des livres ? – Non plus. – Je sais ! Tu imprimes des livres. – Non, non… » Et enfin, il y a l’individu au regard vide qui ne voit absolument pas ce que je peux faire de mes journées, presque celui que je préfère, car, moi non plus, je ne sais ce que fait un contrôleur permanent finance !
Je crois que, même pour mes proches, mon métier reste encore parfois assez intrigant, un domaine méconnu, se pratiquant dans un lieu énigmatique, laboratoire d’alchimiste, débordant de piles de papier et d’alambiques où bouillonnent les encres, d’où sortent les livres, la maison d’édition. Je crois que leur meilleure réponse lorsqu’il s’agit de renseigner quelqu’un sur mon activité professionnelle est de dire : « Elle travaille dans les livres ». Oui, voilà, comme ça, c’est bien. Je peux être aussi bien écrivain que libraire, imprimeur, graphiste ou correctrice. On s’en tire bien ainsi et on peut passer à la suite de la conversation sans trop d’encombres.
Il est vrai que le métier d’éditeur ne se définit pas simplement. Sorte de derviche tourneur, j’aime me le représenter comme un pivot de la chaîne du livre, celui qui créé la relation entre tous les acteurs intervenant pour réaliser le livre. Je vais tenter de vous décrypter cela dans mon prochain billet mais, j’aime autant vous prévenir, cela ne se fera pas sans quelques mots barbares…