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  • Photo du rédacteurSable d'encre

Camille Leboulanger – Malboire

L’Atalante, 2018





Quatrième de couverture

Un coin entre mer et montagne. Une lande, longtemps après un désastre qui a laissé la terre exsangue et toxique. Ses rares habitants vivent les yeux tournés vers le ciel dans l’attente de la pluie, ou vers le sol où la mort les attend.

La faute au Temps Vieux dont les traces subsistent encore sous forme de micro-organismes, qui devaient faire pousser le maïs plus vite et plus droit, et de monstres autonomes qui continuent à labourer une terre depuis longtemps désertée par leurs concepteurs.

Heureusement, il y a Arsen, qui a gardé des souvenirs, un appétit d’avenir, et surtout un projet : forer le sol pour trouver l’Eau potable sous la Malboire afin d’échapper au diktat de la pluie. Et il y a surtout Zizare, qu’Arsen a tiré de la Boue et recueilli, tout comme Mivoix, sa compagne. Il leur donne le goût de l’aventure et ne les retient pas lorsqu’ils partent, obnubilés par la rumeur d’un barrage derrière lequel se trouverait une immensité d’Eau…

Faire route avec Zizare, c’est entreprendre la quête d’un monde qui se fonde sur une quête des mots, c’est découvrir que géographie physique et géographie psychique se répondent, c’est entendre la leçon d’une fable écologique qui se conjugue pour le lecteur au futur antérieur.

L’histoire

Arsen tire Zizare de la Boue où il erre, sans souvenir. Il lui apprend à parler, lire, écrire, travailler pour tirer du sol l’Eau si précieuse. Zizare rencontre Mivoix qui devient sa compagne. Ensemble, ils forment une sorte de famille jusqu’au jour où un homme vient leur parler du Grand Clapot, une réserve d’Eau immense, derrière le Barrage. Alors Zizare et Mivoix décident de partir : peut-être trouveront-ils là-bas la solution aux problèmes des hommes, un remède à la Malboire ?

Dans son désir d’améliorer le sort de ses semblables, Zizare se heurte à leurs superstitions, leur ignorance du passé, leurs contradictions, leur immobilisme ou leur agressivité. Avec Mivoix et Arsen, il se bat pour comprendre ce qui est arrivé à cette terre toxique et surtout pour changer les choses.

On peut déplorer un dénouement un peu convenu. La scène finale paraît malheureusement décalée, inadaptée au ton général du livre, presque ridicule, mais ne peut effacer la qualité de tout ce qui précède.

Le style

Camille Leboulanger entraîne le lecteur dans ce récit post-apocalyptique grâce à son style tout personnel. Le récit écrit à la première personne est pétri d’impressions, de sensations et de réflexions sur la condition de l’homme, ses interrogations, ses doutes. Le regard neuf que Zizare pose sur le monde du fait de son amnésie est celui d’un innocent, mais un innocent qui ne tarde pas à éprouver des convictions, à poser des questions et à goûter la vie même lorsqu’elle a une saveur amère.

Le vocabulaire est riche, la langue agréable, la réflexion jamais ennuyeuse. L’auteur créé tout un univers dont il ne donne pas l’explication : c’est avec le regard de Zizare que nous comprenons peu à peu ce que sont la Malboire, les Batras, les Planches à Mort ou les Monstres. C’est avec lui que nous parcourons cet espace désolé vers un futur incertain et que nous découvrons enfin un peu ce qui a pu advenir du monde tel que nous le connaissons, ce qu’il en adviendra sans doute si nous poursuivons sur la voie actuelle. Cela dénote une excellente maîtrise du genre, la SF post-apo, où le lecteur avisé apprécie peu qu’on lui tienne la main, encore moins qu’on lui fasse la leçon.

L’édition

L’objet livre est beau : une couverture au graphisme étrange sur carte mate avec rabats, un grand format, du papier ivoire, des titres courants, des lettrines, une table des matières, un corps de police de taille agréable à l’œil. La présentation très soignée fait plaisir à voir.

En revanche, se pose un réel souci de lecture et de correction : de trop nombreuses coquilles et fautes viennent perturber la lecture et c’est très dommage. Il aurait sans doute fallu une relecture supplémentaire pour chasser les mots en trop, ceux qui manquent, les vraies fautes d’orthographe (un feu « sans fumé », vraiment ? ou « rien ne les différenciaient des autres » m’a laissée sans voix). Il faut espérer que tout ceci soit corrigé dans une prochaine édition. Le livre en vaut la peine.

Mon avis

Une très belle découverte tant pour l’histoire que pour le style. Ce roman post-apocalyptique doit figurer dans votre bibliothèque si vous êtes un adepte du genre. Certes, il y a un petit côté fable écologique, comme l’indique la quatrième de couverture, qui peut en rebuter certains, mais sans jamais tomber dans de lourdes explications. Camille Leboulanger ne se positionne pas comme donneur de leçon : il constate, il élabore, imagine et fait patauger ses personnages dans la fange de nos erreurs.

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