Éditions du Seuil, 2017 / Points, 2019
Quatrième de couverture
Début des années 30. Une jeune fille enchaîne les longueurs dans le Grand Canal du château de Versailles, sous l’œil ahuri des jardiniers. Nager, c’est tout ce qui compte pour Jackie. Nager pour fuir les contraintes, pour préserver sa fantaisie. Toute sa vie, elle parcourt des kilomètres pour se baigner. Cet amour de l’eau, sa fille Chantal en a hérité. Comme sa mère, elle nage pour être libre.
L’histoire
Un récit autobiographique à la première personne, écrit en pointillés selon les souvenirs de baignade, de plages, d’eau, de soleil de l’auteure. À travers ces évocations bien moins disparates qu’elles en ont l’air, c’est le portrait de sa mère qui se dessine, comme à contre-jour et que l’on suit jusqu’à la fin, ce moment où aller jusqu’à l’eau devient trop dur. Si l’impression générale reste celle de multiples épisodes au goût de sel, de vent et de sable, Chantal Thomas mène toutefois son récit de façon très construite, n’oubliant pas les racines de ce besoin vital de nager, les premiers congés payés, l’émancipation progressive de la femme vue à travers la conquête des bains de mer. Les souvenirs de vacances ne suffisent pas toujours. En filigrane, les deux guerres mondiales, l’évolution de la société, le désir d’indépendance des femmes répondent au besoin de nager de Jackie.
Le style
L’auteure a la plume légère autant que précise. La langue est ciselée et le choix des mots toujours juste pour peindre ces instants d’enfance, d’adolescence passés sur le sable, les couleurs du Bassin d’Arcachon, la saveur de l’océan, la profondeur de la Méditerranée. Chaque chapitre est un petit bijou qui nous ramène à l’enfance, aux joies ou aux peurs que nous éprouvions et que nous avons certainement oubliées, au bonheur de se laisser glisser dans l’eau. Les descriptions sont d’une finesse et d’une beauté exceptionnelles : à savourer.
L’édition
Cette édition spéciale parue pour Lire en Poche 2019 m’a été offerte par ma libraire préférée à Soulac-sur-Mer, Corinne. Bien qu’elle ne présente rien de particulier hormis le bandeau vert du festival, c’est une édition agréable disposant même d’une table des matières. Avec un niveau de langue aussi élevé, on le devine, aucune coquille à déplorer : rien ne vient perturber la lecture de ce texte.
Mon avis
Contre toute attente et après réflexion, j’ai apprécié ce petit livre dévoré sur la plage. N’était-ce pas le meilleur endroit pour cela ? J’ai trouvé le texte magnifique. Si l’histoire en elle-même n’a rien de transcendant, il faut néanmoins se laisser porter par le choix des mots, leur justesse, la précision de la langue, la beauté des images évoquées. Ce livre a une saveur, celle du souvenir et des grands écrivains.