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David Foenkinos – Le Mystère Henri Pick

Éditions Gallimard, 2016 / Folio, 2017


Quatrième de couverture

En Bretagne, un bibliothécaire recueille tous les livres refusés par les éditeurs. Parmi ces manuscrits, une jeune éditrice découvre une pépite écrite par un certain Henri Pick. Elle part à sa recherche et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Mais selon sa veuve, il n’a jamais écrit autre chose que des listes de courses… Aurait-il eu une vie secrète. Auréolé de ce mystère le livre de Pick aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire.


L’histoire

À travers l’histoire du roman d’Henri Pick, se déroulent plusieurs autres histoires en parallèle, toutes liées, voire intriquées. Celle de Delphine, la jeune éditrice, et Frédéric, son compagnon, écrivain non reconnu ; celle de Magali, la bibliothécaire qui s’ennuie ; celle de Madeleine, la veuve d’Henri Pick, de sa fille Joséphine, à la vie sentimentale ratée ; celle de Jean-Michel Rouche, le critique littéraire tombé de son piédestal… Le récit tourne donc à la fois autour de ce roman, de son devenir et de toutes les conséquences que sa découverte entraîne dans la vie des protagonistes.

Avec l’évocation des vies littéraires et sentimentales de cette galerie de personnages, il semble que l’auteur cherche à démontrer le poids qu’un texte peut avoir sur la vie des gens. Il permet au lecteur d’appréhender la vie d’un roman à travers le prisme de différents points de vue : celui de l’éditrice, de l’écrivain, du critique, de la bibliothécaire, des ayants-droits, celui aussi du lecteur lambda. Le livre veut ainsi poser un point de vue sur le monde de l’édition d’aujourd’hui. Comment un livre devient-il un succès ? Est-ce l’histoire autour du roman qui compte ou le fond du texte lui-même ? Les questions soulevées sont multiples et on peut déplorer que tout cela ne soit abordé que d’une façon superficielle, détachée, un brin ironique, le divertissement prenant le pas sur la réflexion plus poussée que le thème aurait pu laisser augurer.


Le style

David Foenkinos, dans cet opus, semble avoir cherché une certaine légèreté de ton. Il paraît détaché à la fois de son sujet et des personnages, papillonnant de l’un à l’autre, promenant le lecteur d’une idylle à une rencontre, d’un adultère à une séparation comme s’il s’agissait presque là d’événements anodins de la vie. On a l’impression qu’il ne cherche guère que le divertissement du lecteur en adoptant une langue simple, peu recherchée, qui tranche singulièrement avec l’étalage de culture littéraire dont il fait preuve par ailleurs.


L’édition

J’ai trouvé particulièrement pénible le parti pris qui consiste à laisser une ligne blanche entre chaque paragraphe du texte, ce qui rompt la lecture des scènes. Un choix très discutable et qui ne trouve pas d’explication dans la structure même du livre si ce n’est une recherche d’anticonformisme malvenue ou un gonflement du nombre de pages. Pour le reste, on est tout de même chez Gallimard : la qualité de relecture est bien là, des guillemets à l’ouverture et à la fermeture des dialogues (cela devient rare de nos jours), pas une coquille dans mon souvenir...


Mon avis

Le livre se lit en quelques heures malgré ses 320 pages. Les réflexions n’étant pas particulièrement approfondies, on se laisse ballotter d’un personnage à l’autre, à en avoir parfois le tournis, sans cesser de tourner les pages. L’auteur semble avoir joué une valse hésitation entre le roman intellectuel cherchant à prouver que la forme a pris le pas sur le fond dans la littérature contemporaine et l’enquête divertissante sur la genèse d’un étrange roman. J’aurais aimé qu’il prenne un parti et s’y tienne. J’aurais surtout aimé savoir à quoi j’avais affaire dès le départ : au moins, avec un Gilles Legardinier, on sait qu’il s’agit de romans de divertissement pur et on s’en contente. Là, on ne sait pas sur quel pied danser, c’est agaçant. Si j’ai joué le jeu du page turner en lui faisant un sort en une journée, je n’ai pas pour autant apprécié cet ouvrage qui n’a pu que conforter ma consternation face aux choix actuels des grandes maisons d’édition.

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