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  • Photo du rédacteurSable d'encre

Elizabeth Jane Howard – La Saga des Cazalet I - Étés anglais

La table ronde, 2020

Traduction d’Anouk Neuhoff



Quatrième de couverture

Juillet 1937. À Home Place, au cœur du Sussex, jardiniers, femmes de chambre et cuisinière sont sur le pont. La Duche orchestre le ballet des domestiques avant l’arrivée de ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Où dormira Clary, adolescente mal dans sa peau en plein conflit avec sa belle-mère ? Quelle robe portera Villy, ancienne ballerine désormais mère au foyer ? Polly, terrorisée à l’idée qu’une guerre éclate, s’entendra-t-elle avec sa cousine Louise qui rêve de devenir actrice ? Rachel, la seule fille de la Duche, trouvera-t-elle un moment pour ouvrir la précieuse lettre de son amie Sid ?

Non-dits, chamailleries, profonds chagrins… Aux préoccupations des adultes font écho les inquiétudes des enfants et à la résilience des femmes, qu’elles soient épouses, fillettes ou domestiques, répond la toute-puissance – ou l’impuissance – des hommes. L’été regorge d’incertitudes mais, sans l’ombre d’un doute, une nouvelle guerre approche : entre pique-niques sur la plage et soirées auprès du gramophone, il faudra inventorier lits de camp et masques à gaz.

L’histoire

Ce premier tome de la saga des Cazalet présente une riche famille, ses domestiques et leurs relations à travers la peinture de deux saisons estivales, celles de 1937 et 1938, passées dans la campagne anglaise. Entre les deux étés, les liens entre individus se sont modifiés, les enfants ont grandi, leurs amitiés ont changé, des intrigues se sont mises en place. Et la guerre approche inexorablement.

L’été à Home Place ressemble à un temps suspendu où il ne se passe rien et où tout se joue à la fois. En passant d’un personnage à l’autre, des préoccupations des adultes aux folles inventions des enfants, des soucis des domestiques à la frivolité de leurs maîtres et inversement parfois, c’est surtout l’univers intérieur de chacun qui est dévoilé, tout en nuances, en émotions, avec une subtilité touchante.

Le style

Elizabeth Jane Howard signe un tour de force : son ouvrage est à la fois un petit bijou de poésie, minutieusement documenté pour livrer une reconstitution historique étincelante et sans lourdeur, et d’une finesse émotionnelle rare. Son but reste clairement de dévoiler la vie intérieure des nombreux personnages qu’elle met en scène, de faire découvrir au lecteur l’évolution de chacun en fonction de sa situation particulière mais aussi de la menace latente de guerre qui plane tout au long du récit. La justesse des mots, l’évolution chronologique selon les étapes de vie des héros, le choix de ne narrer la situation historique qu’à travers le point de vue de chacun des protagonistes donnent une lumineuse tonalité au récit. J’ai eu l’impression d’une traduction de qualité tant le texte contient de nuances et de subtilités.

L’édition

Soignée ! Très soignée. La couverture n’a rien de particulièrement attractif si ce n’est cette carte mate très agréable au toucher (qui se salit malheureusement trop vite…), mais le papier ivoire ultra fin, le choix de la police de caractères distinguée, la table des matières et les schémas traçant les liens entre individus donnent clairement l’impression d’avoir affaire à une édition presque luxueuse. Je n’ai trouvé que deux coquilles, un exploit pour une première édition.

Mon avis

C’est un livre où il semble ne rien se passer mais où tant de débats intérieurs, d’interrogations, de sentiments transparaissent qu’on se laisse entraîner, si bien qu’à la fin on ne peut plus le lâcher et qu’on attend la suite avec impatience. J’ai vraiment apprécié cette lecture, douce et intrigante à la fois, venue bercer mon propre été, faisant résonner des souvenirs d’enfance et d’adolescence, me remémorant des sensations oubliées en y ajoutant le spectre de la guerre que je ne peux qu’imaginer. Une très belle découverte pour laquelle je remercie mon amie Anne. J’ai seulement regretté que la couverture s’abîme aussi vite et facilement : la qualité de la couverture devrait s’accorder avec celle de l’intérieur. J’attends à présent avec impatience le second tome dont la parution est prévue en octobre 2020.

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