Fleuve noir, 2018 - Pocket, 2019
Quatrième de couverture
Une enquête sans corps. Une défunte sans visage. Un thriller sans fin.
Aux alentours de Grenoble, une voiture finit sa trajectoire dans un ravin. Dans le coffre, le corps d'une femme. A la station-service où a été vu le conducteur, la vidéosurveillance est claire : l'homme n'est pas le propriétaire du véhicule.
Léane Morgan et Enaël Miraure sont une seule et même personne. L'institutrice reconvertie en reine du thriller a toujours tenu sa vie privée secrète : un mariage dont il ne reste rien sauf un lieu, "L'Inspirante", villa posée au bord des dunes de la Côte d'Opale, et le traumatisme de l'enlèvement de sa fille Sarah. L'agression soudaine de son mari va faire resurgir le pire...
Dans le vent, le sable et le brouillard, une question parmi d'autres se pose : vers qui et vers quoi se tourner quand l'unique vérité est que tout vous devient étranger ?
L'histoire
Deux histoires sont contées en parallèle dans ce thriller, pour finir par se télescoper, comme cela est prévisible pour les amateurs du genre (structure déjà vue dans Les rivières pourpres de Grangé ou N'éteins pas la lumière de Minier). Léane Morgan dont la fille a été enlevée quatre ans plus tôt revient à la villa familiale suite à l'agression de son mari, toujours en quête de la vérité concernant le drame qui mine leur couple. Vic Altran, policier, enquête sur la découverte du corps d'une femme près de Grenoble. On plonge avec lui dans l'horreur d'une sombre machination autour du trafic d'êtres humains. Bien entendu, c'est prenant ; bien entendu, on cherche tout du long qui est à l'origine des crimes terrifiants qui s'égrènent au long des pages.
L'originalité de la trame tient dans la présentation initiale du livre que l'auteur annonce d'emblée comme inachevé et, surtout, comme s'il n'était pas de sa plume. Une mise en abyme dérangeante a priori puisque le livre de Thilliez n'est pas le sien, celui qu'on lit raconte l'histoire d'une romancière qui écrit le destin d'un autre écrivain pris lui aussi dans un thriller. A vous donner le tournis !
Le style
J'avais déjà beaucoup apprécié, dans Rêver ou Puzzle, ce qui fait le charme de Thilliez, cette façon de narrer une histoire policière plus que noire en mettant en scène une atmosphère, en prenant le temps de décrire des paysages, des tempêtes, des vallées encaissées, des dunes balayées de vent mordant mais aussi des émotions, des sentiments de rage, d'amour, de désespoir propices à nous plonger un peu plus dans son univers. Un peu de poésie et une jolie plume ne nuisent jamais et cela reste fort appréciable. Cela distingue cet auteur de ses semblables et lui donne une plus-value non négligeable.
L'édition
Il est assez surprenant de trouver un livre dans le livre. L'éditeur joue le jeu avec deux pages de titre séparées par une préface énigmatique, semant le doute dans l'esprit du lecteur qui ne quittera pas cette idée tout du long. Pour le reste, l'édition est soignée. J'ai seulement relevé un ou deux passages qui m'ont gênée ("marcher avec un dossier sous la main" : est-ce réellement faisable ?), rien de méchant et pas de coquille. Well done!
Mon avis
Comme je m'y attendais, j'ai passé un très bon moment, appréciant particulièrement l'atmosphère créée et l'énigme qu'on met longtemps à décrypter.
La fin m'a toutefois laissée dubitative : comme annoncé, il n'y en a pas. On peut s'interroger sur ce choix de l'auteur. Il donne l'impression de vouloir laisser le lecteur libre de son interprétation, mais est-ce vraiment le fond de la question ? La mise en abyme est-elle bien nécessaire pour donner de l'intérêt au roman ? Rien n'est moins sûr. A mes yeux, elle n'apporte guère à l'histoire et sert juste à nous priver d'une conclusion classique.