Écrit en 1794 ; première publication en 1871
Éditions Gallimard, 2000 ; traduction de Pierre Goubert
Quatrième de couverture
Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage ou juste une coquette qui veut s’amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question…
L’histoire
Sous forme de roman épistolaire, genre très apprécié au XVIIIe siècle, ce tout petit opuscule écrit par une très jeune Jane Austen a le charme des premières œuvres tout en témoignant d’une extrême maturité et d’une assurance non moins certaine. Les lettres s’enchaînent pour construire une trame plus complexe qu’on ne peut le supposer au départ, de faux espoirs en rebondissements, pour happer le lecteur jusqu’à la dernière page.
Le style
Jane Austen, bien que très jeune lorsqu’elle rédigea ce texte, fait preuve d’une plume déjà très acérée, précise, élégante. Elle sait attribuer à chaque contributeur un ton bien particulier qui rend les personnages vivants et leur donne de l’épaisseur à travers les courriers échangés. Pour moi, c’est toujours un régal mais, accoutumée à ses romans, je dois avouer avoir été grandement surprise par les tournures employées, le cynisme affiché et l’exposé sans fard des vices de certaines personnes du monde. C’est étonnant, rafraîchissant, drôle et cela dénote une lucidité dans le regard porté sur la société mondaine de l’époque qu’on ne s’attend guère à trouver chez cette fille de pasteur. Si on ne fait souvent que deviner ces aspects dans les romans, ici, tout est dit : dans le monde, on prend des amants, on batifole avec des veuves, on cherche à tromper son monde et à se jouer des bien-pensants et de la bienséance avec un cynisme cru.
L’édition
La version poche de Lady Susan est tirée des Œuvres romanesques complètes de Jane Austen dans la Bibliothèque de la Pléiade. Cette référence suffit à assurer un travail éditorial parfait au niveau du texte.
En revanche, même s'il s'agit d'un Folio à 2 euros, on aurait apprécié que cette mention ne vienne pas gâcher la première de couverture et que la maquette intérieure soit un peu plus travaillée. Ça sent un peu trop le poche bas de gamme.
Mon avis
Je suis une grande fan de Jane Austen. J’ai lu la plupart de ses romans et les relis régulièrement. Ces derniers temps, j’ai décidé de compléter ma culture austenienne en acquérant les quelques opus manquants à ma bibliothèque : Northanger Abbey, Sanditon et Lady Susan ont donc rejoint les autres titres. Je vous parlerai de Sanditon dans une prochaine chronique.
Concernant Lady Susan, que j’ai dévoré, ce fut à la fois un choc et un délice. J’ai découvert une Jane Austen beaucoup plus libre de sa plume, peut-être parce qu’elle attribue à d’autres les propos qu’elle tient, avertie sur les pratiques de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie de son temps, mais toujours aussi mordante, fine dans l’expression et capable de tisser des intrigues à partir de si peu de choses que c’en est confondant. Je l’ai adoré ! Une œuvre à lire absolument.
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