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  • Photo du rédacteurSable d'encre

Michel Bussi – Gravé dans le sable (Omaha Crimes)

Presses de la Cité, 2014

Initialement paru sous le titre Omaha Crimes, Éditions des Falaises, 2007



Quatrième de couverture

Quel est le prix d’une vie ?

Quand on s’appelle Lucky, qu’on a la chance du diable, alors peut-être la mort n’est-elle qu’un défi. Un jeu. Ils étaient cent quatre-vingt-huit soldats sur la péniche en ce jour de juin 1944. Et Lucky a misé sa vie contre une hypothétique fortune.

Alice, sa fiancée, sublime et résolue, n’a plus rien à perdre lorsque, vingt ans plus tard, elle apprend l’incroyable pacte conclu par Lucky quelques heures avant le Débarquement.

De la Normandie aux États-Unis, elle se lance à la quête de la vérité et des témoins… au risque de réveiller les démons du passé.


L’histoire

L’histoire se déroule sur plusieurs décennies au cours desquelles le lecteur suit la destinée d’Alice, Alan, Lison, Nick, Emilia à travers une enquête qui s’avère parfois mortelle, des plages du Débarquement à Washington. Le récit prend corps par les yeux et les actes de différents personnages, créant une multiplicité de points de vue propre à faire douter le lecteur. Cela ne suffit pas toujours à entretenir un suspens rendu poussif par le ton employé. On finit toutefois le livre par curiosité : lorsque la belle héroïne obtient gain de cause à 150 pages de la fin, on se doute que quelque chose cloche. Au final, l'histoire se révèle originale mais la naïveté du traitement ne suffit pas à la porter.


Le style

C’est le premier livre de Michel Bussi que je tiens entre les mains et, je dois l’avouer, je ne savais pas qu’il était considéré comme auteur de polars. Pour moi, le style fait penser à Marc Lévy, à Guillaume Musso, mais on est très loin d’un Bernard Minier ou d’un Franck Thilliez. Cela relève plus du roman de divertissement que du polar.

Il faut noter toutefois qu’il s’agit d’une nouvelle édition du tout premier opus de cet auteur, publié initialement sous le titre Omaha Crimes. Un livre de jeunesse donc, comme l’indique l’écrivain dans la préface. J’étais donc assez prête à lui pardonner les erreurs inhérentes à un premier ouvrage, écrit dans les années 1990. Pourtant, pour une deuxième édition, on aurait pu s’attendre à ce que le style soit beaucoup plus amendé : la nostalgie et l’envie de conserver un ouvrage tel qu’il a été écrit initialement ne justifient pas tout.

J’ai donc trouvé au style beaucoup de lourdeurs. C'est flagrant au niveau des dialogues : les deux principaux protagonistes ne cessent de s’appeler par leur prénom, comme s’ils craignaient d’oublier comment ils se nomment, et de dévider des évidences d'une grande niaiserie. C’est réellement pesant. Le style en lui-même n’est pas travaillé : Michel Bussi raconte proprement son histoire mais le ton reste assez plat et donc lassant pour ne pas dire ennuyeux. Cela ne permet jamais vraiment au lecteur de s’attacher à l’histoire, aux personnages, ni de ressentir une quelconque émotion.

Le seul point original que j’ai noté est le regard que l’auteur pose sur lui-même et sur son sujet lorsqu’il évoque le garçon coiffeur qui souhaite publier des mémoires à titre posthume ou lorsque Nick, le détective, propose à Lison et Alice d’écrire leur histoire alors qu’elle n’a pas de fin. Une autodérision assez symptomatique du jeune auteur et qui ne peut que le rendre sympathique.


L’édition

L’éditeur a fait un « gros coup ». Surfant sur la popularité et le succès d’un écrivain en pleine ascension, il a réédité le premier ouvrage de celui-ci, ne doutant pas qu’il fasse un carton comme tous les autres. Pourquoi se fatiguer à retravailler le texte, le style, ni à corriger les plus grosses maladresses ou coquilles ? De toute façon, le livre se vendra. C’est une approche typique du monde actuel de l’édition, fort dommageable pourtant et irrespectueuse du lecteur à mon sens, même s’il faut reconnaître la difficulté de l’exercice consistant à conserver à un titre la fraîcheur de l’ouvrage de jeunesse tout en le patinant un minimum.


Mon avis

Je n’ai pas passé un mauvais moment car l’histoire est originale et bien pensée. Je ne suis pas non plus très enthousiaste car le style m’a déplu tout comme le manque de travail éditorial. Je ne suis pas non plus parvenue à m’attacher aux personnages. Bref, rien ne m’a fait vibrer. Si j’ai lu le roman jusqu’au bout, c’était pour connaître le fin mot de l’histoire, finalement assez bien trouvé. Écrit différemment, avec un ton plus travaillé, cela aurait pu faire un livre passionnant, de ceux qu’on ne lâche plus. On passe un peu à côté et c’est dommage.

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