380 pages
Sonatine, 2015
Quatrième de couverture
Entre la banlieue où elle habite et Londres, Rachel prend le train deux fois par jour : le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 le soir. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants, qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait. Heureux, comme Rachel et son mari ont pu l’être par le passé avant qu’il la trompe, avant qu’il la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit Jess dans son jardin avec un autre homme que Jason. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…
L’histoire
Rachel, anti-héroïne paumée, alcoolique, qui a perdu son mari, son travail et regrette chaque jour la petite vie banlieusarde qui faisait son bonheur, décide d’enquêter sur la disparition de Megan qu’elle ne connaît qu’à travers ce qu’elle en voit chaque jour par la vitre du train qui la conduit à Londres. Elle se heurte à ses démons, son passé, mais aussi à l’hostilité de son ex-mari et sa nouvelle femme, Anna.
L’histoire est savamment menée. Tous les personnages font preuve d’une réelle personnalité avec leurs qualités mais aussi leurs failles que l’on découvre peu à peu. Le décor est bien planté. Tout est fait pour que le lecteur plonge et ne puisse poser le livre avant d’en connaître le dénouement.
Le style et l’écriture
L’auteur a choisi d’adopter un triple point de vue narratif, celui des trois femmes se trouvant au centre de l’histoire, chacune parlant à la première personne. Ce parti pris assez rare pour un thriller donne de l’épaisseur aux personnages, permet au lecteur de s’immerger dans les méandres de l’enquête, d’appréhender l’histoire dans sa globalité, avec tous ses tenants et ses aboutissants. C’est assez surprenant au départ, d’autant plus du fait du décalage chronologique entre l’histoire de Megan et celle de Rachel, mais cela ajoute à la tension de l’histoire. Cela m’a un peu fait penser à la technique utilisée par Gillian Flynn dans Les Apparences.
Si l’auteur ne parvient pas réellement à nous faire sentir la différence de style des trois femmes dans son écriture, elle campe en revanche trois vraies personnalités bien différentes. C’est bien écrit, très agréable à lire, prenant. Le style plutôt réaliste colle bien à l’histoire et suscite l’intérêt du lecteur.
L’édition
Chez Sonatine, l’édition est généralement soignée et ce livre n’échappe pas à la règle même si on peut regretter quelques coquilles par endroits (mais quel livre n’en contient pas ?). La maquette, très agréable, permet au lecteur de bien repérer les chapitres, de s’y retrouver lors des passages d’un personnage à l’autre et d’une époque à l’autre. La police de caractères est élégante. La couverture ne ment pas sur le contenu. On a un peu l’impression que la quatrième de couverture essaie de survendre le livre, mais au final, on n’est pas déçu par le roman, alors pourquoi pas ?
Mon avis
J’ai beaucoup aimé ce thriller pour sa forme assez inédite, son ton vif et réaliste, le suspens qu’il sait ménager, ses personnages forts montrant que chacun détient une part d’ombre. Je vous avoue avoir deviné assez vite qui était le coupable : j’ai donc continué la lecture pour m’assurer d’avoir vu juste. J’aurais aimé que l’auteur laisse un peu moins d’indices afin que le suspens tienne plus longtemps. Je l’ai un peu vécu comme un huis clos car, finalement, toute l’histoire tourne autour de cinq personnages qui passent leur temps à se heurter les uns aux autres. J’ai beaucoup aimé cette atmosphère étouffante, presque stressante qui fait de ce livre, comme la jaquette l’annonçait, un véritable page turner. Je vous le recommande.
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