Flammarion, 2010 / J'ai lu, 2012
Quatrième de couverture
À la suite des bouleversements qui ont secoué la France et dans lesquels ils ont joué un rôle important, Jean et Clara vivent dans la clandestinité. Mais la jeune fille est enlevée par son père, qui entend lui faire épouser un homme vieux et riche du nouveau continent. Jean n'a d'autre choix que de partir à sa recherche ; au terme d'une traversée de l'Atlantique pour le moins mouvementée, il débarque dans une Amérique qui n'a pas grand chose à voir avec celle que l'on connaît : les États-Unis y ont été remplacés par cinq puissants royaumes despotiques et esclavagistes. De New York à la Californie, Jean découvre que la bêtise et la violence des hommes est sans limite...
L'histoire
Trois récits s'écrivent en parallèle dans cette uchronie : Jean entame un long périple pour retrouver Clara ; Clara décrit les conditions de sa détention ; Élan Gris quitte la réserve où son peuple est parqué pour entreprendre une épopée sur le chemin de sa vision. Tous convergent vers un territoire de mer et de soleil qui promettrait liberté et bonheur, l'Arcanecout.
D'entrée, on est intrigué par ce monde qui ressemble tant au nôtre mais qui a vu se durcir des royautés menacées par les révoltes populaires. Partout, la tyrannie semble s'exercer à plein, jusqu'en Amérique où les États-Unis ont été divisés en cinq royaumes aux frontières hermétiques. On est aussi heurté par la régression technologique : bateaux à vapeur, trains fonctionnant au fioul, suppression des ordinateurs et de la connexion au réseau, interdiction d'apprendre à lire et écrire pour les classes populaires. Ce postulat de départ semble bien alléchant.
Pourtant, d'aventure en péripéties, les récits s'enlisent souvent dans des clichés et des dénouements aussi prévisibles qu'ennuyeux, et c'est bien dommage.
Le style
J'ai aimé certaines images et sensations finement décrites par l'auteur (l'ombre chaude d'un corps...). Pierre Bordage, au-delà de ça, reste collé à son récit pour ne pas perdre le lecteur. Le style n'a donc rien de transcendant mais reste agréable, efficace, très clair. Sans s'embarrasser de descriptions inutiles ou d'explications tortueuses, l'auteur dépeint avec simplicité la situation des différents royaumes, permettant de suivre sans peine les divers contextes, de comprendre les dangers qui menacent ou l'état d'esprit des personnages rencontrés.
L'édition
Pour une version poche, l'édition se révèle extrêmement décevante. J'ai eu l'impression qu'aucune relecture n'avait été faite depuis la première édition (qui ne devait pas être de grande qualité). Les coquilles sont nombreuses : mots manquants ou répétés, fautes d'orthographe, confusion d'homonymes, tout y passe et cela gêne la lecture. Une édition à revoir, sans aucun doute.
Mon avis
Je n'ai pas accroché à ce roman. Si j'ai été séduite par le contexte de départ, j'ai eu beaucoup de mal à adhérer au récit malgré les talents de conteur de l'auteur. L'uchronie en elle-même est fort intéressante et Pierre Bordage semble soucieux de porter un message de tolérance (en faisant cohabiter dans un monde raciste deux Blancs, une Noire et un Indien), de liberté et de spiritualité (le chemin de vision suivi par Élan Gris, protégé par son animal totem tout au long de son parcours). Pourtant, une fois le livre refermé, j'ai juste eu l'impression d'une succession de petites aventures, parfois répétitives, et dont les personnages se tiraient un peu trop facilement. Il me semblait aussi annoncé un destin plus grand pour les protagonistes, ils paraissaient chargés de changer la face du monde. Or, une fois leur destination atteinte, il n'en est plus question et on reste sur sa faim.
Ceux qui rêvent est le second tome d'une trilogie jeunesse. Dans le premier tome, Ceux qui sauront, Jean et Clara, que tout oppose, se rencontrent. Dans le troisième, Ceux qui osent, on en apprend sans doute un peu plus sur leur rôle dans la destinée de l'Arcanecout...